• Ces mesures de restriction resteront en vigueur jusqu’au mois de septembre 2023.
• La Tunisie subira d’ici à 2050 «une élévation de la température moyenne de 1°C à 3°C, une diminution de la moyenne pluviométrique de 10 à 20% et une accentuation de la variabilité climatique, dont particulièrement la durée de la sécheresse et l’ampleur des inondations».
Si certains quartiers subissent déjà des coupures d’eau, il y a de quoi inquiéter en ces temps. Sauf que cette année, la crainte est réelle, la pluviométrie enregistrée jusqu’à ces jours n’a pas permis de remplir les barrages, première source d’eau, aussi bien pour l’irrigation que pour l’usage domestique.
En effet, après le ministère de l’Agriculture et des Ressources hydrauliques, c’est la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) qui vient de lancer un très fort cri d’alarme concernant les réserves en eau et préconise déjà un système de rationalisation de l’eau potable pour traverser «cette crise avec le moins de dégâts possibles». Cette entreprise publique exprime des craintes fondées sur le constat des réserves, de ne pouvoir honorer ses services d’une manière continue, à savoir «l’eau pour tous». Il faut d’ores et déjà imaginer une crise d’eau en Tunisie, surtout avec un été qui se fait de plus en plus chaud, un baromètre qui bat un record de hausse des températures chaque année. Autre source de frustration, l’absence de solution permettant de surmonter totalement ce manque, sauf si le ciel entendait les prières, et offrait un mois d’avril pluvieux.
L’ogre, qui peut faire tout basculer, et qui a déjà obligé le ministère de l’Agriculture à rationaliser l’eau pour l’irrigation agricole, poserait un réel souci pour le tourisme, un secteur gourmand en eau, aussi bien pour l’usage quotidien des touristes, que pour assurer un remplissage continu et renouvelé des centaines de piscines.
A cet effet, la Société nationale de distribution et d’exploitation des eaux (Sonede) a indiqué dans un communiqué qu’elle mettra en place un système de quotas pour les coupures d’eau, selon les ressources hydriques disponibles, notamment durant la nuit à partir de 21h jusqu’à 4h.
La Sonede a précisé que cette période peut être ajustée pour chaque région du pays, selon la demande et l’évolution des conditions climatiques, notamment les températures.
Ces mesures de restriction resteront en vigueur jusqu’au mois de septembre 2023.
Compte tenu de la conjoncture sensible que vit le pays, à l’instar de tous les pays du monde suite aux changements climatiques, la Sonede appelle les citoyens à faire preuve de compréhension de cette situation et à mieux rationaliser l’utilisation et la consommation de cette ressource vitale.
Le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche chargé des Eaux, Ridha Gabouj, a indiqué que la situation hydrique en Tunisie est très critique, étant donné que le stock des barrages n’a pas dépassé les 31%, ce qui est un niveau sans précédent.
Le stock des barrages, dont le nombre s’élève à 37 en Tunisie, a régressé, à la mi-mars 2023, de près de 390 millions mètres cubes par rapport à la même période de 2022.
Pour parer à cette grave crise, un groupe de jeunes actifs dans le cadre du programme «Safir» a proposé au ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche l’adoption d’une stratégie de sensibilisation des citoyens au stress hydrique et la rareté de l’eau en Tunisie.
Cette stratégie proposée dans le cadre d’un document d’orientation «Policy Paper», transmis à l’Agence TAP, doit être mise en œuvre à travers des campagnes de sensibilisation des citoyens aux problèmes du déficit hydrique et de la rareté des eaux potable et d’irrigation. Ces campagnes doivent être menées moyennant la communication et le contact direct avec les citoyens et la communication indirecte à travers les médias et les réseaux sociaux.
Elles (les campagnes) devraient permettre une meilleure prise de conscience quant au problème de la rareté de l’eau, l’amélioration des pratiques relatives à la rationalisation de la consommation de l’eau et de l’adaptation à la sécheresse et aux changements climatiques ainsi que la réduction des impacts économiques et sociaux du stress hydrique.
Une pénurie qui frappe l’Afrique du Nord
L’Afrique du Nord est la région la plus aride du continent. Elle détient 1% des ressources en eau renouvelables, tout en représentant 19% de la superficie et 15% de la population. Cette pénurie d’eau risque d’être exacerbée par les impacts négatifs du changement climatique confirmés notamment par l’augmentation de la fréquence des événements extrêmes, la diminution d’au moins 30% du volume des eaux de ruissellement et de recharge et la remontée du niveau de la mer, entraînant une salinisation des eaux souterraines.
L’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), a qualifié la situation de «très difficile puisque l’Organisation mondiale de la santé a défini la pénurie comme étant un seuil qui est en-dessous de 1.000m3 par habitant et par an alors qu’au niveau du Maghreb arabe, entre le Maroc et la Libye, on oscille entre 800m3 et 100m3». Ce qui fait qu’on est très en dessous du seuil de pénurie. Parmi les solutions proposées pour mieux gérer nos ressources en eau, le dessalement de l’eau de mer, la réutilisation des eaux usées traitées pour l’agriculture et l’utilisation des eaux fossiles en Algérie, Tunisie et en Libye. Par ailleurs, l’augmentation du prix de l’eau pourrait être une des solutions possibles pour faire pression et changer les comportements afin d’améliorer la gestion des ressources hydriques car ceux qui utilisent l’eau pour faire des profits «doivent payer pour ceux qui n’ont pas les moyens de payer leur propre eau, pour garantir de cette manière l’équité en eau et laisser un peu de marge pour les plus démunis».
En outre, «les eaux fossiles, qui ne sont pas renouvelables et constituent un patrimoine, peuvent assurer un secours de survie, mais il faut les manipuler avec précaution».
En effet, les études préliminaires élaborées et soumises par la Tunisie, dans le cadre de la convention des Nations unies sur les changements climatiques, ont montré que la Tunisie subira d’ici, 2050 «une élévation de la température moyenne de 1°C à 3°C, une diminution de la moyenne pluviométrique de 10 à 20% et une accentuation de la variabilité climatique, dont particulièrement la durée de la sécheresse et l’ampleur des inondations».
D’ailleurs, le président du Conseil mondial de l’eau a indiqué que «l’eau potable doit être garantie avant le téléphone portable. S’assurer des ressources en eau pour l’avenir, c’est multiplier les solutions technologiques, les forages, les transferts, le dessalement, la réutilisation des eaux usées, mais c’est aussi, faire en sorte que les populations consomment moins d’eau et expliquer qu’il faut mettre fin au gaspillage et donner la priorité aux financements pour l’eau». De son côté, le secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe a indiqué à ce sujet que «dans la région du Maghreb arabe, les ressources en eau mobilisables s’élèvent à 46 milliards de m3, dont 50 % sont considérés comme exploitables. 65 % de ces sources proviennent des eaux de ruissellement».
Et d’ajouter que «les sécheresses chroniques connues ces deux dernières décennies ont provoqué des déficits importants en eau de surface aggravés par la croissance démographique. A cela s’ajoute la forte demande en eau pour assurer un développement durable de la région, dont le secteur agricole utilise à lui seul 80 % des ressources en eau disponibles».
(C.B.N. avec TAP)
Poul
20 juillet 2023 à 07:10
Que les municipalités refusent les créations de piscines particulières surtout à Djerba !